Sauvage ?
Une récente campagne de publicité pour le zoo de Thoiry décline avec plusieurs photos le titre d’une célèbre chanson des années 60.
Passons sur ce que le prétexte de l’humour permet de faire passer en termes d’esthétique douteuse et de choix de ne représenter ces animaux que dans des poses “humaines” qui les dénaturent.
Attardons-nous en revanche quelques instants sur ce que cette campagne cherche à faire passer (et fait visiblement facilement passer au vu du peu de réactions qu’elle a provoquées).
Première hypothèse : tout le monde sait très bien que ce zoo est un lieu de captivité et n’a rien à voir avec une nature ou une vie sauvage. L’humour résiderait alors dans une forme de moquerie cynique pour ces animaux “nés pour être libres et sauvages” et que nous maintenons enfermés. Un peu comme si L’Oréal nous proposait la photo d’un singe de laboratoire hilare portant un badge “Parce que je le vaux bien.”
Deuxième hypothèse : la notion de sauvage, et de nature sauvage qui va avec, a tellement perdu de son sens pour la majorité des citadins cibles de cette campagne de publicité, que plus personne n’est choqué par le décalage entre la vie artificielle et confinée de ces animaux et l’affirmation-slogan que l’affiche leur prête.
Aussi dénaturés que les animaux de Thoiry, les citadins de notre pays peuvent ainsi désormais prendre pour du “sauvage” tout ce qu’on leur vendra comme tel, rendant alors toutes les manipulations possibles, depuis les “plongées dans la nature sauvage” dans des forêts françaises où tout a été modelé par des forestiers jusqu’à ces types de campagnes en faveur de la préservation de la nature consistant à mettre une ruche ou un hôtel à insectes sur le toit d’une entreprise dont le fonctionnement et l’activité en tuent des millions chaque année.
Bravo pour votre article!