Des jardins de liberté et de sécurité

Des jardins de liberté et de sécurité

Rappel d’une évidence : il faut évidemment rassurer (usagers, professionnels, etc.) sur le fait que le jardin thérapeutique comme les professionnels qui l’utilisent respectent les normes, règles de l’art et précautions d’usage en matière de sécurité.

Au delà de cette évidence :

On peut parler de sécurité dans le vide, ou se laisser aller à définir la sécurité en fonction de nos angoisses et inquiétudes. Processus infini qui conduit à faire des lieux tellement “sécurisés” qu’il n’y a plus de vie dedans. Le droit au risque fait partie du vivant…

Nous nous inscrivons ici dans un prendre-soin et une démarche centrées sur les personnes, et donc actant qu’on se sent d’autant plus libres qu’on est en sécurité.
L’objectif étant que les usagers du jardin s’y sentent les plus libres possible, il nous faut trouver l’espace où se rejoignent le sentiment d’être en sécurité et le sentiment de liberté.

Car les deux se rejoignent souvent : tel monsieur, qui se sent très fragile sur ses jambes après une opération, se sent d’autant plus libre de faire le tour de ce petit bout de jardin que le chemin est bordé par une main courante ; tel enfant, qui rêve de rouler le long d’une pente, se sent d’autant plus libre de le faire que… pour une fois personne ne l’en empêche (ses parents sachant que ladite pente a été conçue pour cela) ; tel autre se sent d’autant plus libre de goûter aux feuilles ou aux fruits qui l’entourent qu’on lui a dit que, dans cette partie du jardin, entre les plantes aromatiques et les petits fruitiers, il n’y avait que des plantes comestibles ; telle dame, qui ne se sent pas tout à fait sûre de ses capacités à bien retrouver toujours son chemin, ou qui craint toujours de faire un malaise et de ne plus pouvoir marcher très longtemps, se sent d’autant plus libre de partir loin dans le jardin qu’on lui a montré le(s) moyen(s) permettant d’appeler de partout en cas de problème ; etc.

Toutes ces situations le montrent : si la sécurité, quand elle est mal pensée, mal conçue, ne cesse de menacer la liberté, l’intimité, etc., elle peut aussi, intelligemment travaillée, devenir pour cette même liberté, pour cette même intimité, une condition voire un moyen d’épanouissement

A nous donc de travailler, avec les usagers, sur ce qui libère, allège les peurs, facilite, rassure, permet de marcher ou de courir sans crainte de tomber (type de sol, main courante…), de flâner sans peur de se perdre (système d’alerte si problème), de jouer avec de l’eau sans risque de se noyer (quel type de point d’eau en fonction du public), de toucher, sentir, goûter des végétaux sans crainte de se rendre malade (absence de plantes toxiques et allergisantes), de jardiner sans se blesser avec un outil, etc.

A nous donc, face à des questions de sécurité, de toujours regarder d’abord du côté du sentiment qu’elles induisent chez l’usager. Cela nous permettra de ne pas oublier d’envisager, quand un dispositif ou une disposition risquent de provoquer un sentiment d’être surveillé, empêché, surprotégé, infantilisé… s’il n’existe pas un autre dispositif, une autre disposition, favorisant plutôt le sentiment d’être plus libre de, d’être en sécurité, d’être bien pris en soin, d’être l’objet de prévenances et d’attentions.

A nous enfin, nous y reviendrons concrètement (par exemple : page Sécurité – clôtures et haies – recommandations), de concevoir et conduire le jardin et ses éléments de telles manières que les éléments de sécurité soient intégrés au jardin : qu’ils aient toujours plusieurs usages (tout le bas de cette main courante sert de support à des plantes grimpantes : cette barrière protège… un espace pour les poules situé entre le jardin et la rue ; ce lieu moins éclairé pour ne pas attirer certains humains est idéal pour certains végétaux ; etc.) et que les aspects esthétiques prennent le pas sur les aspects sécuritaires. Quand on voit le beau, on voit moins l’utile ! (Principe d’autant plus important qu’une des tendances à risque de tout jardin thérapeutique est que son utilité se fasse aux dépens de sa beauté…)


Sommaire de la sous-rubrique “Grands principes et grandes dimensions” :

  1. Introduction
  2. Des jardins supports d’autonomie
  3. Des jardins de liberté et de sécurité
  4. Des jardins accessibles (accessibilité)
  5. Des jardins pour l’intimité et la sociabilité
  6. Des jardins de bien-être et de confort
  7. Des jardins supports de sensations
  8. Des jardins supports de rêverie(s)
  9. Des jardins supports d’activités
  10. Des jardins supports de créativité
  11. Des jardins supports d’échanges
  12. Des jardins supports de prendre-soin
  13. Des jardins surprenants et familiers
  14. Des jardins participatifs
  15. Des jardins sains et durables
  16. Des jardins naturels (permaculture, ecojardinage)

 

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