Un jardin pour habitant·es de passage ou permanent·es :
Il ne s’agit évidemment pas ici de décrire des jardins différents selon que celles et ceux qui les fréquentent ont leur domicile dans l’établissement ou n’y vivent que de passage, provisoirement, pour une période (plus ou moins) brève.
Mais d’insister sur certaines dimensions essentielles dans les jardins d’établissements où les personnes ont leur domicile. L’objectif est en effet que le jardin permette à ces personnes de s’y sentir « chez elles », ou au moins « comme chez elles ».
La topophilie, et les “jardins d’enfance” La topophilie : Gaston Bachelard en parlait comme de « l’amour des lieux », comme de l’amour de ce paysage particulier qui concentre en lui quelque chose de l’être qui le vit. Plus récemment, Scott Sampson, dans la lignée des travaux de E. O. Wilson sur la biophilie, a utilisé ce terme pour qualifier l’attraction particulière, les liens puissants, entre un être et le milieu naturel dans lequel il a grandi. Discuter avec des résidents, dans des jardins d’établissements type Ehpad, ne cesse de confirmer ces travaux, de souligner l’importance de ces jardins que Juliette Pellissier appelle les “jardins d’enfance“. |
Comment nourrir ces sentiments ?
En commençant par être très attentifs à ce qui ressort de ce que disent les personnes quand elles sont justement interrogées sur ce qui fonde ce sentiment d’être « comme chez soi ».
- Elles disent avant tout que ce sentiment s’enracine dans la liberté : d’y être quand on veut, d’y être où on veut, d’y faire ce qu’on veut, d’y être avec qui l’on veut, etc.
- Ensuite viennent les aspects liés au (territoire) privé (avoir un endroit « à soi », un être (animal ou végétal) dont on est responsable…), et les aspects matériels : tous les éléments de familiarité (souvenirs, objets aimés, êtres familiers, etc.).
Favoriser, au jardin, ces sentiments (liberté d’accès, éléments de familiarité, espaces intimes et espaces sociaux, etc.) : nous en avons parlé dans plusieurs pages de ce site, puisque ce sont des sentiments importants pour tous les usagers du jardin. Soulignons simplement qu’il faudra ici, quand les usagers sont chez eux en ce jardin, leur attribuer encore plus d’importance.
Et tenter vraiment ici, le plus fortement possible, dès que l’espace le permet, de créer au sein du jardin collectif, partagé, des endroits individuels : un lopin, une parcelle, un massif, un carré potager, un bac…
Quant aux relations entre habitants humains et habitants autres qu’humains, elles seront d’autant plus à favoriser également que les habitants d’un même lieu, même quand ils sont d’espèces différentes, ont beaucoup à gagner à s’observer, s’apprivoiser, se rencontrer, etc.
Enfin, soulignons que pour que le jardin soit bien celui de ses usager·es-habitant·es, y compris quand il est ouvert au public, il faudra aussi veiller qu’iels aient toujours le choix entre un (des) espace d’intimité (un endroit du jardin où les visiteur·euses, les professionnel·les, se font discret·es voire absent·es) et des espaces plus ouverts, plus sociaux.
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De quelques jardins particuliers…
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