Attention aux pilotes sans permis !
Les jardins thérapeutiques sont à la mode, et constituent « un marché » : c’est dire qu’ils attirent aussi des personnes qui n’ont pas d’intérêt particulier (pour les jardins, le prendre-soin, etc.) à être ici, hors l’intérêt financier. Certaines de ces personnes, qui ne sont pas paysagistes, se présentent souvent comme des « créateurs » ou « concepteurs de jardins thérapeutiques », alors qu’ils n’y connaissent rien – ou ne connaissent qu’un argumentaire de vente que n’importe qui peut apprendre en quelques heures ou jours de formation.
Généralement, quand on creuse derrière ce vernis, aucun savoir ni savoir-faire : ni sur le jardin et le jardinage (ledit « concepteur » se contente en général de sous-traiter le chantier à une entreprise de création de jardins) ni sur le monde du prendre-soin, l’établissement, les futurs usagers, etc. Bref, le seul talent de ces personnes est celui que peut posséder un commercial qui parvient à vendre un « concept » qu’il n’a pas pensé à des gens dont il ignore tout.
Il est donc indispensable de s’armer d’une très grande prudence et de s’assurer que les personnes auxquelles on confie le projet possèdent le désir et les savoirs nécessaires pour le mener ET la conviction qu’il faut le mener avec la nature et les futurs usagers, dans une démarche écologique et participative (ou permaculturelle, ou… – peu importe les termes, les principes se rejoignent).
Ajuster
La démarche d’ajustement du jardin à ces usagers (un exemple ici) – tenter qu’à chaque particularité des usagers, à chaque symptôme quand ils ont des maladies particulières, etc., soit associé un élément du jardin, pour diminuer le handicap, pour profiter d’une capacité restante, etc. –, est une démarche “centrée sur la personne”. Qui ne peut être réellement menée que si elle est réalisée par et avec les professionnels-utilisateurs et les usagers-résidents ou patients. Si cette démarche n’est pas faite ou si elle est faite ailleurs, avec un “jardin-tout-prêt-et-pré-pensé-pour-vos-patients”, le risque d’échec et de gâchis est très important.
Jardin-gadget
Il existe en effet des jardins-gadgets : qui ont été installés “clés en main” comme l’ont parfois été des espaces sensoriels ou des salles balnéo., sans que les professionnels et les usagers accompagnent et co-réalisent le projet. Ces espaces sont d’autant plus coûteux qu’ils se révèlent inutilisés au bout de quelques mois. Et donnent alors la triste image d’un jardin délaissé et abandonné…
Les autres pages de la sous-rubrique Une démarche participative :
- Une démarche participative
- Qui pilote le projet ?
- Attention aux pilotes sans permis
- La démarche participative (précisions)
- Quels outils pour accompagner la démarche participative ?
- De la conception à la réalisation
- Le jardin thérapeutique : au service de la citoyenneté et de l’autonomie de ses usagers
- Un paysagisme participatif et créatif